D’octobre 2021 à Juin 2022, avec Sarah Illouz, alors que nous travaillions sur notre projet de double diplôme de fin d’études entre la Villa Arson à Nice et l’ERG à Bruxelles, nous avons réalisé une étude de terrain afin de mettre en place une récupérathèque à la Villa Arson.
CONTEXTE
La Villa Arson, c’est vraiment un contexte différent de celui de l’erg. C’est un établissement de 17.000 m2 sur 23.000 m2 de terrain, cela comprend de nombreux ateliers étudiants, des ateliers techniques pour le travail du bois, du métal, de la sérigraphie, de la peinture, de la céramique, du textile, de l’édition, de la photographie, du son, de la vidéo etc. avec à chaque fois un.e spécialiste dédié.e. Selon une fiche de poste datée de 2018 pour l’embauche de la nouvelle personne chargée de la direction, l’établissement est “doté d’un budget annuel d’environ 2,5 M€, compte un effectif professionnel de
66 ETP et accueille plus de 170 étudiants.”
Expliquer les résistances etc
Eco-Villa
Voici le dossier que nous avons rédigé pour
GILBARD
Le collectif Gilbard est le porteur de ce projet. C’est un collectif d’artistes franco-belge basé à Anderlecht à Bruxelles depuis 2019. Il trouve son origine à l’Ecole de Recherche Graphique (ERG, Bruxelles) pour mettre fin au gaspillage et pouvoir créer avec des matériaux de qualité professionnels. Dans son lieu hybride entre récupérathèque et atelier de production, Gilbard reconditionne des matériaux de construction et de création pour les particuliers et réalise des commandes publiques ou privées à partir de ceux-ci, ainsi que des expositions collectives.
Gilbard investit l’espace pour y créer un lieu de vie basé sur un système d’échange et de récupération de matériaux. Le processus de création s’inscrit dans une logique de rencontre autour du réemploi où la monnaie intervient le moins possible.
Ici, il s’agira d’accompagner le collectif Ecovilla à mettre en place un nouveau réseau d’échanges, avec des partenaires industriels, des partenaires culturels, le centre d’expositions de la Villa Arson, son école et les habitants du quartier, et de créer une récupérathèque, qui, au coeur de ce réseau, aura pour vocation de participer à la transition écologique du tissu culturel de la région niçoise.
Gilbard est un point de rencontre local. La dynamique du collectif est fondée sur la collaboration, l’ouverture et l’entraide. Le but étant de créer un espace convivial de détente et de partage. La pluridisciplinarité du collectif crée des interactions enrichissantes où différents domaines peuvent être confrontés. Les personnes impliquées peuvent être des volontaires régulier.e.s ou ponctuel.le.s, des voisin.e.s, des usager.e.s ou des partenaires.
Gilbard collabore actuellement avec 24 partenaires. Il a par exemple exposé en 2020 à Bozar à Bruxelles, et a travaillé avec un large panel d’acteurs culturels belges, comme le Wiels pour sa table de jardin monumentale, Art et marges (un musée en lien avec le monde du handicap), le musée des égouts de Bruxelles pour son dispositif d’exposition, l’ ENSAV la Cambre pour sa récupérathèque, Cultureghem, les ateliers Indigo, etc.
- Article sur le collectif et sa récupérathèque dans le journal Le Soir.
- Bruxelles Environnement, l’administrateur de l’environnement et de l’énergie en région Bruxelles-Capitale considère le collectif comme un des projets 0 déchets les plus inspirants
- Coopcity accompagne le projet Gilbard dans sa professionnalisation
- Vidéo de présentation du collectif Gilbard.
Interview et documentaire sur Gilbard et la fédération des récupérathèques sur BX1, chaîne belge.
LE PROJET
Gilbard cherche à transformer la société et spécifiquement les façons de concevoir de l’art contemporain en prônant l’équité, l’inclusion sociale et les pratiques artistiques durables.
L’enjeu de ce projet transdisciplinaire est de construire une sculpture sociale comme le collectif l’a déjà mis en place à Bruxelles. C’est une formulation promue par l’artiste conceptuel et homme politique Joseph Beuys : “Le sculpteur social est un artiste qui crée des structures dans la société en s’aidant de la langue, des pensées, des actions et des objets.”
Gilbard relève également du New Genre Public Art théorisée par l’artiste Suzanne Lacy pour caractériser des formes artistiques engagées qui incluent le public et sont en contact direct avec différentes communautés. Cette Social Art Practice ne fait pas de différence entre le champ de l’art et celui de l’intervention sociale.
Les pratiques artistiques de différents collectifs constituent autant de preuves de l’efficacité de l’art dans un combat politique et social. On peut citer par exemple le travail de détournement des codes médiatiques du collectif Gran Fury, ou bien la méthodologie de Bureau d’Études. (http://bureaudetudes.free.fr/cas.html)
Suite à la nomination du collectif Assemble Studio pour le prix Turner en 2015, les créations collectives à visée sociale sont mises en avant sur la scène internationale.
De plus en 2021, tous les finalistes de ce prix étaient des collectifs avec un engagement associatif pour la transformation sociale.
Cette année, le collectif ruangrupa basé à Jakarta est cette année à la direction artistique de la quinzième édition de la Documenta de Kassel. Il a construit la base de sa programmation sur les valeurs et les idées fondamentales du lumbung (terme indonésien désignant une grange à riz communale). Le lumbung, en tant que modèle artistique et économique, est ancré dans des principes tels que la collectivité, le partage des ressources communes et l’allocation égale, et est incarné dans toutes les parties de la collaboration et de l’exposition.
Gilbard se reconnaît dans l’ensemble des principes chers au projet Arte Util Archive définit par l’artiste cubaine Tania Bruguera. “Arte Util consiste en un réseau institutionnel et non-institutionnel de recherche, expositions, actions, diffusion, présentations, médiation, formation, et en des archives aussi bien en ligne que déconnectées.
Arte Util se définit actuellement comme un ensemble d’activités visant à :
- Proposer de nouveaux usages de l’art au sein de la société
- Recourir à la pensée artistique pour défier le champ dans lequel elle opère
- Répondre à des urgences actuelles
- Opérer à échelle 1:1
- Remplacer les auteurs par des initiateurs et les spectateurs par des usagers
- Générer des retombées tangibles et positives pour les usagers
- Viser la durabilité
- Re-établir l’esthétique en tant que système de transformation
The Arte Util Archive peut-être considérée comme une œuvre d’art; elle est elle-même composée de projets qui partagent cette définition bien que cela dépende du contexte et n’ait aucune incidence sur leur compatibilité avec d’autres définitions.”
EN PRATIQUE
En s’inspirant des initiatives observées sur le territoire français et belge, nous allons, dès la rentrée 2022, mettre en place une récupérathèque. Cet espace de stockage et d’échange situé au cœur dans la Villa Arson sera à destination des étudiants, des artistes locaux, des voisins et du réseau de centres culturels de la région qui pourront s’approvisionner en matériaux.
Nous allons en parallèle mettre en place un réseau de partenaires locaux, industriels et culturels. Les collectes se feront chez eux, avec la camionnette dont dispose la Villa Arson.
Nous avons décidé d’implanter la récupérathéque dans un atelier nommé l’Ancien Métal, ancien atelier métal de l’école. Le lieu bénéficie d’une position géographique stratégique dans la Villa Arson. À proximité des ateliers techniques, il est également le plus central des ateliers personnels des étudiants et des résidents. De plus, il est suffisamment spacieux pour accueillir les usagers, stocker une grande quantité de matériaux, et respecter les normes de sécurité nécessaires au bon fonctionnement du lieu.
Nous avons pour ambition de construire un véritable maillage de partenaires aux activités variées. Ces derniers s’engagent à nous faire don des matériaux dont ils ne veulent plus et nous assurons de notre côté la collecte dans leurs locaux à raison d’une fois toutes les deux semaines pour commencer. Le bénéfice pour ces partenaires est clair, réduire la quantité et donc le coût de leurs déchets. Les usagers de la récupérathèque ont grâce à cette initiative accès à des matériaux de qualité et sélectionnés par le collectif.
Ce projet est aussi l’occasion de repenser les modes d’apprentissage. Nous souhaitons donner une plus grande place à la formation inter-étudiants et au travail collectif. Notre intention est d’améliorer les conditions et l’environnement de travail en proposant divers dispositifs et événements.
Un cycle de quatre workshops thématiques d’une ou deux semaines est prévu avec les membres du collectif Gilbard (voir calendrier prévisionnel).
À travers un programme pédagogique à 360 degrés conçu grâce à l’expertise des membres du collectif Gilbard, les étudiant.e.s vont se familiariser ou se perfectionner avec un ensemble des matériaux, de techniques, et une façon éco-responsable de produire des œuvres d’arts.
Dans ce sens, le projet est également un projet professionnalisant permettant de mêler recherche et réalisation. En travaillant avec les acteurs professionnels locaux, l’équipe se familiarise avec des matériaux qu’elle n’a pas les moyens de se procurer habituellement et bénéficie de conseils spécifiques à ceux-ci.
Du côté de l’école, un magasin de prêt, un système de tutorat et de monitorat technique entre élèves ont déjà été mis en place et pourront entrer en relation avec la récupérathèque.
En lien avec les associations de quartier : “Association des voisins“, “Forum Nice Nord“, “Les jardins partagés du Prieuré du Vieux Logis“, le réseau d’établissement culturel BOTOX, et avec le CAIPDV – Union des clubs et entreprises de la région.
La récupérathèque est un catalyseur des énergies locales tournées vers les questions environnementales. Lors des événements organisés par l’équipe de la récupérathèque pour montrer l’avancée des recherches après chaque workshop, l’ensemble de ces différents publics se rencontrent.
LA VILLA ARSON
Pour ce projet, la Villa Arson est notre principal partenaire.
La Villa Arson est riche de ce qui la compose. L’association d’espaces d’exposition à ce lieu d’enseignement supérieur permet une formation, une transmission et un dialogue entre ces activités. L’un et l’autre s’influencent.
La programmation d’exposition est un point de rencontre entre les artistes invités, les partenaires du réseau, les étudiant.es en cours de formation aux métiers de l’exposition, les entreprises et fournisseurs locaux. Au cœur de cette émulation artistique des gestes éco responsables se sont peu à peu mis en place. Il s’agit de modifier la consommation associée à la mise en place des expositions temporaires. Choisir un matériau plutôt qu’un autre, choisir de nettoyer, réparer ou donner pour réemploi plutôt que de jeter, choisir de ne pas utiliser plutôt que d’avoir un impact écologique trop important sont déjà des choix faits délibérément à la Villa Arson.
Pourtant, la Villa Arson remplit une trentaine de bennes à ordure par an, avec un coût pour l‘établissement de 22 à 26.000 euros chaque année. Les matériaux sont encore trop souvent exploités en suivant un schéma linéaire consistant à consommer et à jeter. Ces pratiques vont à contre sens des politiques publiques favorisant les initiatives de réemplois.
En janvier 2022 est entrée en vigueur la loi AGEC “anti-gaspillage pour une économie circulaire” qui oblige les entreprises à recycler ou réutiliser leurs invendus non-alimentaires.
La Villa Arson souhaite aller plus loin dans son engagement. Mettre en place une recupérathéque leur permettra d’être concrètement identifiés dans le tissu local comme lieu de réemploi pour déposer et venir se fournir en matériaux. C’est dans cette dynamique qu’est né Éco Villa. Il s’agit d’un collectif d’étudiants, enseignants et personnels de la Villa Arson engagés dans le défi de la transition écologique.
Être reconnu par un ensemble de partenaires culturels, industriels et estudiantins permettra d’être un lieu de rencontre, de sensibilisation et de formation à une consommation consciente.
CALENDRIER PREVISIONNEL
Dates | Programme | Invités |
Avril – Juin 2022 | Mise en place du programme pour la rentrée de 2022, contact et rencontre avec nos futurs partenaires industriels et culturels, avec les associations de quartier et les futurs résidents et artistes présents à la Villa Arson. Dessins et plans du futur aménagement du local pour le workshop de rentrée (Octobre), avec passage de la commission de sécurité incendie. Mise en place des éléments nécessaires au fonctionnement du collectif (administration, site web (?), monnaie interne, logo, charte graphique, etc.) | Sarah Illouz (Diplômée de Duperré, Paris en design textile et de la Villa Arson) et Marius Escande (Diplômé de La sorbonne en conception et direction de projets culturels et de l’ERG, Bruxelles en Installation/performance) du collectif Gilbard (Bruxelles) Les membres de la récupérathèques étudiants à la Villa Arson L’équipe du service exposition de la Villa Arson et son directeur artistique Eric Mangion. |
Juin – Août 2022 | Rangement du local de la future récupérathèque et collecte des matériaux, en interne, qui nous intéressent en vue de la construction des éléments/racks de stockage du local et des éléments de mobilier. | Sarah Illouz et Marius Escande du collectif Gilbard (Bruxelles) + 5 membres de la récupérathèques étudiants à la Villa Arson et Jean-Paul Carpentier, technicien de la Villa Arson. |
Du 3 au 14 octobre 2022, les deux premières semaines de la rentrée scolaire | Construction des racks et du mobilier. Tri et sélection des matériaux mis de côté durant l’été. Première session de collecte chez nos partenaires. + Ouverture de la récupérathèque à notre public cible. Moment de monstration/ évènement de fin de workshop avec invitations de nos partenaires et des habitants du quartier. | Avec 4 membres du collectif Gilbard (Bruxelles) : Sarah Illouz, Marius Escande, Arthur Halbique (Diplômé de l’ERG, design graphique et travail du bois) et Mathilde Bette (Compagnons du devoir, section Menuiserie). Avec également Christophe Merlet, technicien de la Villa Arson (pôle bois). |
29 Octobre au 1er Novembre 2022 | Chaque année en automne, la Fédération des Récupérathèques organise les Rencontres Officielles des Récupérathèques (ROAR). Cette rencontre se déroule dans un lieu accueillant une Récupérathèque afin de lui donner de l’élan. | A Dunkerque, avec le Fédération des Récupérathèques et la récupérathèque de l’école des Beaux Arts de Dunkerque 5 membres de la récupérathèque de la Villa Arson |
Du 7 au 11 novembre 2022 | Workshop sur les métaux, reconnaissance des matériaux, leurs usages/utilisations et travail avec ceux-ci. Exemple : tri des chutes de métaux en vue de les utiliser pour une session de fonderie. Moment de monstration/ évènement de fin de workshop avec invitations de nos partenaires et des habitants du quartier. | Avec 3 membres du collectif Gilbard (Bruxelles) : Sarah Illouz, Marius Escande, Aliocha Tazi (Diplômé de la Cambre en Images imprimées, travail le métal, la sérigraphie et la fonderie entres-autres). et Damian Avec Julien Dubuisson et Thierry Chiapparelli, professeurs et techniciens à la Villa Arson (pôles moulage/modelage et métal). |
Du 5 au 9 décembre 2022 | Workshop sur les textiles, reconnaissance des matériaux, leurs usages/utilisations et travail avec ceux-ci. Recherche autour des matériaux textiles présents dans la région. Exemple : Voiles de bateaux usées, sacs en toile de jute de l’entreprise Malongo de Nice (avec notre expert Alexander Marinus), etc. Moment de monstration/ évènement de fin de workshop avec invitations de nos partenaires et des habitants du quartier = Conférence/présentation du travail de Jane Wright avec les usines textiles d’Ecosse, et plus précisément avec les bordures des tissus directement au moment de leur production (https://cuttingedge.cargo.site/). | Avec 3 membres du collectif Gilbard (Bruxelles) : Sarah Illouz, Marius Escande et Jane Wright (Diplômée du Royal College of Arts de Londres, travail autour du réemploi de déchets d’industrie textile). + Alexander Marinus (Diplômé de la Design Academy Eindhoven puis de l’ERG, designer textile, travail la jute et la laine de moutons). Avec Eric Grambarbe, Technicien à la Villa Arson (pôle textile). |
Entre Octobre 2022 et Juin 2023 | Ouverture de la récupérathèque/ permanences entre 14h et 17h tous les mardi et jeudi. La permanence sera effectuée par des membres du collectifs étudiants à la Villa Arson préalablement formés et rémunérés en monnaie locale. Toutes les deux semaines, une après-midi de récup/collecte, chez nos partenaires industriels et culturels. Plus ou moins en fonction des demandes et opportunités externes et internes. |